Discontrol Party #3

Samuel Bianchini (dir.), dispositif festif interactif, 2009-2018

Photos : © Alexis Komenda

Discontrol Party est un dispositif qui fait se rencontrer deux mondes : celui des technologies de surveillance les plus évoluées et celui de la fête. Piste de danse, salle de concert et de spectacle sont aménagées pour être aussi bien sous les feux des projecteurs que d’un puissant dispositif de contrôle informatisé (vision par ordinateur, RFID-UWB, caméra infrarouge, face detection, identification, IoT, traçabilité, géolocalisation indoor, interaction via smartphones, BLE, etc.). La grande salle de micadanses devient, le temps d’une nuit, un night-club aménagé en salle de contrôle : loin des effets de lumières ou autre vijaying, le public, tout en faisant la fête, est confronté aux multiples visualisations du système informatique qui l’observe et tente de l’analyser.

Tel un jeu à l’adresse d’un groupe ou un « Beta Testing » à grande échelle, le défi est ici annoncé : comment, par l’activité festive, déjouer le système, l’entraîner dans la confusion, et, pourquoi pas, le faire buguer ? Car, ici, le public est invité à une fête dont le « monitoring » du dispositif sur lequel il agit lui est donné à voir : les cartographies et listing de ses déplacements et comportements, leur tentative d’interprétation, les images brutes des caméras de surveillance, les mêmes transformées pour et par l’analyse automatique, la représentation des activités du système informatique, les visualisations sur lesquelles il est possible d’agir via smartphones…

Surveillance et fête, si ces mondes paraissent en tous points opposés, ils reposent pourtant tous deux sur des activités de groupe, et même de foule. Mais le premier – le plus souvent à destination d’espaces publics – mise d’abord sur des mouvements de foule organisés : flux de personnes, file ou salle d’attente, quai d’embarquement, etc. Les mouvements rapides, désordonnés et même parfois fusionnels de la fête sont peu compatibles avec le repérage, le suivi et la recherche d’individualisation des dispositifs de surveillance et de contrôle de plus en plus automatisés : reconnaissance de formes, d’individus, de comportements, traçabilité… En provoquant leur confrontation et le possible débordement d’un monde par l’autre, ce dispositif prospectif pourrait bien renouer avec quelques traits primitifs d’un de nos plus vieux rituels : la fête.

Les musiciens de cette Discontrol Party incarnent différents pans historiques du militantisme sur le dancefloor : Candie Hank (Berlin) et son électro mutante et déjantée qui flirte avec le punk et le breakcore ; Rebeka Warrior, chanteuse des duos Sexy Sushi et Mansfield ; TYA, prêtresse freak de l’amour, la révolte et la décadence ; Retrigger, musicien rock brésilien 8bit et son theremin en feu ; Front de cadeaux, duo italo-belge militant de la fête au ralenti aka New Beat et des disques joués à la bonne mauvaise vitesse ; Mr Marcaille, Capitaine Cavern des temps modernes et son show stupéfiant qui fait le lien entre death metal et actionnisme ; et enfin WR2OLD, fashionistas naturistes dans leur première performance live mondiale. Ces musiciens et performeurs sont des expérimentateurs, des provocateurs. On peut leur faire confiance pour profiter de manière jubilatoire, voire en cascadeurs, du dispositif Discontrol, et inciter les spectateurs à en faire autant !


Discontrol Party #3, 2018
micadanses, Paris, nuit du 2 au 3 février 2018.
Vidéo : Alice Brygo et Thomas Vauthier
3mn34s – Haut débit recommandé


Discontrol Party #2, Samuel Bianchini, 2011
La Gaîté Lyrique, Paris, Juin 2011
Vidéo – 3mn55s – Haut débit recommandé


© Alain Declercq
© Samuel Bianchini
© Samuel Bianchini
© Alexis Komenda
© Alexis Komenda
© Alexis Komenda
© Alain Declercq
© Alexis Komenda
© Alexis Komenda
© Alexis Komenda
© Alexis Komenda
© Christian Mamoun
© Christian Mamoun
© Christian Mamoun
© Christian Mamoun
© Alexis Komenda

Crédits

Discontrol Party #3 a été créé dans le cadre de : « Nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être », un événement de la Fondation Daniel & Nina Carasso en partenariat avec la Chaire « arts & sciences » de l’École Polytechnique, de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs – PSL et de la Fondation Daniel & Nina Carasso, et du festival de danse « Faits d’hiver » de micadanses.

Commissariat de l’événement « Nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être » : Mélanie Bouteloup, directrice de Bétonsalon – Centre d’art et de recherche et de La Villa Vassilieff.

Avec les lives et DJ sets de Rebeka Warrior, Candie Hank, Retrigger, Front de Cadeaux, Mr Marcaille, WR2OLD, Sinead O’ Connick Jr. Micadanses, Paris, nuit du 2 au 3 février 2018

Projet développé dans le cadre du groupe de recherche Reflective Interaction d’EnsadLab, laboratoire dirigé par Emmanuel Mahé, École nationale supérieure des Arts Décoratifs, PSL Research University, Paris.

Avec la participation des artistes et designers : Sylvie Astié, David Bihanic, Antoine Chapon, Dominique Cunin, Jérémy De Barros, Alexandre Dechosal, Léon Denise, Lucile Haute, Ianis Lallemand, Oussama Mubarak et le collectif Transcyberien.

Design des accessoires RFID : Claire Bonardot, Ornella Coffi, Cécile Gay, Jennifer Hugot, Pauline Jamilloux, Laure Pétré, Valentine Rosi, Chloé Severyns, Alice Topart, étudiantes en Design textile et matière et Design vêtement à l’EnsAD en 2011.

Les recherches et développements pour ce dispositif sont menés en lien avec le développement de Mobilizing.js, environnement de programmation pour les écrans mobiles, élaboré par EnsadLab, à destination des artistes et des designers : www.mobilizing-js.net

Un projet réalisé avec le soutien de la Chaire « arts & sciences » de l’École Polytechnique, de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs – PSL et de la Fondation Daniel & Nina Carasso.

Direction technologique : Colin Bouvry, Dominique Cunin, Jonathan Tanant
Captation vidéo : Colin Bouvry
Développement informatique (applications pour smartphones, data visualisations, video mapping) : Dominique Cunin, Jérémy De Barros, Léon Denise, Florent Dubois, Ianis Lallemand, Oussama Mubarak, Jonathan Tanant
Ingénierie réseau : Benoît Hérard
Dispositif de projection vidéo et régie son et lumière : idscènes
Assistanat de production : Gwenaëlle Lallemand
• Programmation musicale : Sylvie Astié (Dokidoki)

Remerciements : Christophe Aubry (idscènes), Mélanie Bouteloup (Bétonsalon – Center for Art and Research and Villa Vassilieff), Pascal Delabouglise (micadanses), Jérôme Gensollen (EnsAD), Olivier Jean (idscènes), Christophe Martin (micadanses), Boris Molinié (micadanses), Estelle Mury, Yoan Romano, Élodie Tincq et l’équipe de Sonic Protes