Julie Brugier, 2014
Le projet Domestiquer l’eau propose de réintroduire dans l’espace domestique un cycle d’eau seconde main provenant du recyclage de nos eaux usées. Il nous amène à repenser nos activités en fonction du niveau d’hygiène qu’elles exigent — faire la vaisselle ou laver le sol ne requièrent pas la même qualité d’eau. Comment alors offrir par l’objet, un nouveau rapport aux eaux « usées » ?
Chaque point d’eau dans l’habitat est redéfini, ainsi que les liens qu’ils entretiennent entre eux, générant un nouveau rapport à cette ressource. Les éviers, les lavabos et la douche deviennent des réceptacles filtrants, permettant de recycler et de stocker instantanément l’eau usée, afin de la réemployer plus tard pour à d’autres activités moins « raffinées ». Chaque vasque se voit équipée de deux robinets. Un premier pour l’eau potable, raccordé au réseau classique, et un robinet d’eau seconde main raccordé au cuves de stockage des éviers. Les eaux seconde main peuvent être redirigées vers la chasse d’eau, afin de l’alimenter. Un petit point d’eau, directement évacué vers les égouts, est prévu pour les toilettes corporelles (se brosser les dents par exemple) — activités trop salissantes pour que l’on envisage de recycler l’eau. Ce nouveau réseau domestique induit donc une gestion de l’eau plus hiérarchisée dans l’habitat et instaure un rapport moins consommateur à cette ressource.
Ainsi, Domestiquer l’eau cherche à repenser les objets de notre quotidien citadin de façon éco-systémique et pérenne, remettant l’individu en contact réel avec ses ressources (alimentaires, énergétiques, etc.). Il engage une relecture de nos habitudes domestiques afin de s’approprier l’habitat comme un espace de vie économe et généreux. Il propose une écologie du quotidien par la réintroduction de la gestion domestique des ressources, transformant l’habitat en lieu de production.
Crédits
Projet réalisé à l’issue d’une immersion de trois mois dans un éco-village indien (Tamil Nadu).