Un axe de recherche & création du Groupe Reflective Interaction d’EnsadLab

Si publier c’est d’abord rendre public, entre arts et sciences, recherche & création, nécessités académiques et exigences artistiques, comment envisager de nouveaux modes de publication, des modes de « publicisation », pour la recherche en art et en design basée sur la pratique — la recherche & création —, et ce en ayant principalement recours à des formes, des supports et des situations actives et interactives non-textuelles ou, tout au moins, non-basées sur le texte, à l’instar de nouvelles formes de démos, de posters-sessions, de débats avec des objets, d’éditions hybrides multi-supports, ou encore de data visualisation, data matérialisation ou data physicalisation ?

Dissect, entre table ronde et spectacle vivant, un débat pluridisciplinaire avec des œuvres contemporaines d’art ou de design dans un dispositif scénique expérimental, 2019 Centre Georges Pompidou, Paris, mars 2019.

Alors que l’écriture n’est pas sans poser problèmes aux artistes et aux designers, ces derniers, à la différence des scientifiques, disposent de puissants « médiums » pour rendre leurs travaux publics : l’exposition, le spectacle vivant, l’édition d’objets, la diffusion de productions médiatiques, etc. La publication académique est, quant à elle, envisagée principalement sous forme d’écrits documentés dans des revues spécialisées ou de communication lors de rassemblements de pairs comme les colloques. Entre ces conventions académiques et ce type de rencontres artistiques avec un public, peut-on ouvrir de nouvelles voies permettant de répondre aux exigences des milieux de la recherche autant qu’à ceux de la création ? Tandis que sont valorisées les intersections entre arts, designs et sciences, comment explorer des chemins de traverse en appelant autant à l’expérience sensible qu’à la transmission de connaissances ? Dès lors, des formes de publicisations hybrides pourraient-elles permettre de s’adresser aussi bien à des experts qu’à des publics plus larges ?

Il semble alors pertinent d’explorer des chemins académiques secondaires, parfois désuets ou mal évalués, dont les formes peuvent résonner avec des pratiques artistiques, comme les démos, les workshops, les posters et sessions posters et, même, les tutoriels. Il est alors tout aussi productif de considérer des formes artistiques puissantes — à l’instar des environnements immersifs —, autant que mineures, tels le roman-photo ou le livre d’images. Ou encore, de revisiter des formats déjà à mi-chemin, tels que ceux que pratiquent l’anthropologie visuelle ou, plus récemment, les humanités numériques.

Afin d’expérimenter ces modes de publicisation en cherchant à les positionner à la confluence de la recherche académique et de la création artistique, nos projets sont menés avec des équipes pluridisciplinaires impliquant aussi bien des artistes, des designers, des ingénieurs, que des chercheurs.ses en anthropologie, ethnographie, sciences cognitives, physique, chimie ou biologie. Pour ne pas rabattre ces formes de publicisation sur des principes énonciatifs reposant sur du texte, ces expérimentations donnent une place particulière au non-verbal. Et puisqu’il s’agit de trouver de nouvelles formes de publications, nous les portons aussi en tant que telles, avec des éditeurs, à l’exemple de la collection de livres hybrides et/ou multi-supports d’EnsadLab, intitulée liteʁal et publiée par Art Book Magazine.