Guillemette Legrand


Guillemette Legrand utilise la pratique de la machine-fiction pour explorer l'(im)matérialité des technologies de l’information et leur capacité à former des contextes permettant la naturalisation de spécifiques systèmes de croyance. Son travail peut être décrit comme une mobilisation artistique de la connaissance algorithmique et de son infrastructure, où l’objectif est de réimaginer leurs potentialités et leurs frictions en favorisant des environnements incarnés et situés (à la fois physiques et virtuels) pour s’engager avec un public. 

Le travail prend souvent la forme d’installations multimédias, d’environnements de jeu, et de présentations expérimentales, qui ont été exposées au V&A (Londres, Royaume-Uni), au V2_ Lab for the Unstable Media (Rotterdam, NL), à la 4e Biennale d’Istanbul (Istanbul, TR), au LUMA (Arles, FR), au Design Museum (Londres, Royaume-Uni), parmi d’autres lieux internationaux.

En 2020, Guillemette a lancé un projet de recherche transdisciplinaire, Spectral Plain, qui vise à réajuster la relation entre la connaissance scientifique et la modélisation de la Terre dans la production d’imaginaire du monde. 

Guillemette est à présent doctorante à SACRe-PSL au sein du groupe Reflective Interaction d’EnsadLab. Son projet doctoral Climate Cosmograms examine la dimension cosmologique des images climatiques, en questionnant comment elles deviennent plus que des représentations scientifiques qui dépeignent également des imaginaires politiques et socioculturels de la Terre. Le projet étudie les littératies visuelles des systèmes technologiques et de design par le biais d’un examen critique des pratiques de l’imagerie climatique, afin de proposer d’autres formes possibles de visualité et d’imaginaire du climat. Cette recherche basée sur la pratique part de la proposition que les images climatiques actuelles ne sont pas des représentations neutres mais agissent comme des proxys visuels d’un système de modélisation complexe, autonome et spéculatif qui arbitre, hiérarchise et politise les données climatiques. Les images climatiques utilisées dans les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont produites pour informer la gouvernance climatique, qui, selon le projet, construit des imaginaires qui redéfinissent la relation politique et socioculturelle des humains à la Terre. En examinant cette redéfinition, ce projet propose d’étudier le rôle tacite du design et de son automatisation par l’IA en examinant trois réalités de la Terre qui coexistent dans l’imagerie du climat : la détection et captation  du substrat biochimique et géophysique de la Terre, sa modélisation computationelle et, enfin, la visualisation de ces données. Cette recherche pose la question suivante : quelles sont les pratiques visuelles des images climatiques ? Comment construisent-elles et diffusent-elles des imaginaires cosmologiques ? Et comment les pratiques créatives peuvent-elles aider à mobiliser de manière critique les opérations actuelles d’imagerie climatique pour proposer d’autres média pour simuler le climat et ses imaginaires ? Le projet émet l’hypothèse qu’en utilisant les cosmogrammes – une incarnation culturelle de la Terre – comme angle de recherche, il est possible de documenter, contrer, enrichir et diversifier la visualité et les imaginaires climatiques. Le projet propose d’étudier les pratiques du design et de la géocomputation dans la modélisation de la Terre par le biais de méthodes participatives et de recherche et création.

Site internet : https://studiolegrandjager.com